samedi 19 décembre 2015

6ÈME FICA: LE DOCUMENTAIRE «VICTOR JARA N°2547 » PROJETÉ À ALGER

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HÉCTOR HERRERA S'EST EXILÉ EN FRANCE EN 1976.  PHOTO STEPHANE BARBIER

Se retrouvant face au corps du chanteur chilien Víctor Jara, membre du Parti communiste, emprisonné et torturé à mort, Héctor a refusé de voir le corps disparaître comme les autres en prenant le risque de l’enterrer légalement.

Tourné en grande partie dans le Musée de la mémoire des droits de l’Homme au Chili, le documentaire s’indigne sur le sort des opposants du régime dictatorial de Pinochet, dont certains se sont réfugiés (politiquement) en France et en Algérie.

Le détachement sentimental de l’auteure, dont le père est un réfugié politique chilien installé en France, donne au documentaire une dimension universelle.

La réalisatrice a expliqué lors du débat à l’issue de la projection, que l’idée de réaliser ce documentaire est motivée par le souci  de  transmettre la mémoire des réfugiés chiliens.

Née en France en 1975, Elvira Diaz travaille sur la mémoire des réfugiés chiliens. Son premier film Y volveré sorti en 2013 à l’occasion du 40ème anniversaire du coup d’État de 1973.

Le 6ème FICA prend fin ce samedi lors d’une cérémonie de remise des prix aux lauréats de cette édition mettant en compétition 16 documentaires et longs métrage de fiction projetés à la Salle El Mouggar.

vendredi 24 avril 2015

LE ROSSIGNOL ET LE TORTIONNAIRE, VICTOR JARA

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La justice américaine poursuit enfin l’un des assassins de Victor Jara, l’emblématique chanteur chilien, auteur du coup qui lui sera fatal en 1973.
Le chant du Rossignol ne s’est jamais tu. Du fond des vestiaires du Stade Chili de Santiago, Victor Jara rédige pourtant son ultime chanson. Les vers inachevés ne sont que douleur : « Nous sommes cinq mille ici (...) Qui souffrent la faim, le froid, la panique, la douleur / La pression morale, la terreur et la folie (...) Chant, tu résonnes si mal quand je dois chanter l’épouvante », parvient-il à rédiger sur un maigre bout de papier. Depuis le 11 septembre 1973, les rapaces du général Pinochet enserrent de leurs griffes la nation andine.

Le président Salvador Allende, artisan des mille jours de l’unité populaire, s’est donné la mort. Les démocrates, les progressistes, ceux-là même que les militaires qualifient de « subversifs », sont traqués jusque dans les moindres recoins du pays. Il ne doit rien subsister de l’espoir de la gauche, né trois ans plus tôt chez les femmes et les hommes des villes, des mines et des campagnes dont Victor Jara a narré, avec dignité, la grandeur.

L’égérie de la chanson populaire et engagée a été arrêté au lendemain du putsch alors qu’il participait à une assemblée générale au sein de l’université technique de l’État. Le communiste, compagnon de route du prix Nobel de littérature Pablo Neruda, est alors parqué dans l’emblématique enceinte sportive transformée en camp de concentration à ciel ouvert. Les gradés le reconnaissent. Ils vont faire de lui un bouc-émissaire, le symbole à abattre. Il est roué de coups. On lui écrase les mains, lui dont les doigts caressaient comme un amant heureux les cordes de sa fidèle guitare. On l’isole. Pour l’exemple.

Une quarantaine d’impacts sur le corps frêle de Victor Jara

Combien de balles faut-il pour achever un homme ? Une seule, paraît l’évidence. On retrouvera une quarantaine d’impacts sur le corps frêle de Victor Jara. Le coup de grâce, le 15 septembre, fut un tir dans sa nuque alors qu’il se trouvait à terre. Quarante ans plus tard, toute la lumière n’a pas été encore faite sur cet épisode tragique. Certes, les premiers procès de certains de ses bourreaux ont commencé à lever le voile. Mais dans ce Chili garrotté par le déni, où les jeunes générations réclament la dérogation de la Constitution héritée de Pinochet, personne ne se glorifie de la paternité de l’assassinat du troubadour chilien devenu une icône mondiale. On attend néanmoins que parle enfin celui qui l’a abattu comme on achève un chien. Un juge américain a donné suite aux interpellations des cours chiliennes, en poursuivant Pedro Barrientos, ex-colonel de l’armée chilienne, réfugié en 1989 aux États-Unis. Pays aux mains ensanglantées par les basses œuvres de la CIA qui a soigné de ses conseils les ignominies des généraux félons et de leurs sbires. En 1973, le Pedro Barrientos en question prêtait service au sein du régiment Tejas Verdes placé sous le commandement de Manuel Contreras, emblématique chef par la suite de la Dina, la sinistre police politique chargée d’exterminer les opposants à la dictature. Il est désormais poursuivi pour torture et assassinat sur plainte de la veuve du chanteur, la danseuse Joan, et de sa fille Amanda. L’homme nie tout devant la caméra du programme En la Mira de Chilevision. La justice chilienne, fébrile et timide, a pourtant émis un ordre d’arrêt international depuis trois ans. Barrientos déclare n’avoir jamais mis les pieds, à l’époque des faits, dans le stade national désormais baptisé Victor-Jara. Pis, ose-t-il, il « ne connaît pas Victor Jara ». Le barde, nommé ambassadeur culturel en 1971 par l’exécutif d’Allende du temps des réformes de justice sociale et de progrès, a pourtant déjà une réputation planétaire. L’auteur est un incontournable défenseur de l’ouvrier avec son Te recuerdo Amanda, pourfendeur de la bourgeoisie vivant dans Las casitas del barrio alto ou des poltrons incapables de choisir leur camp avec Ni chicha ni limona. Ses odes aux luttes estudiantines chiliennes et latino-américaines ou encore paysannes avec Movil oil special et Plegaria a un labrador sont des hymnes encore ancrés dans les mémoires du continent. Personne ne peut ignorer qui est Victor Jara tant il a incarné le Chili qui a lutté et qui a vibré. Pedro Barrientos devra parler. Il devra parler de « Cette morgue pleine de cadavres en pièces. Victor Jara est un de ces cadavres en pièces. Mon Dieu ! C’est comme tuer un Rossignol », avait dénoncé durant ces jours sombres Pablo Neruda. Dans ce Chili, 
encore pétri d’impunité, où les près de 40 000 torturés et 4 000 morts ainsi que disparus attendent toujours justice et réparation, la vérité doit résonner. Comme la conscience de Victor Jara dont les chants et la mélodie parlent encore.

Robert Guédiguian, cinéaste. le rédacteur en chef d’un jour 
Plus qu’une joie, un encouragement 
Victor Jara est le nom que portait ma cellule du Parti communiste de l’Estaque… Quelle joie ce serait de voir ses assassins condamnés, même aussi longtemps après le crime. Plus qu’une joie, un encouragement à poursuivre nos combats, la preuve que les lendemains, même très lointains, existent.

vendredi 17 avril 2015

« EL APARECIDO »

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«EL APARECIDO» DE VICTOR JARA, DANS LE QUATRIÈME DISQUE 45 TOURS SINGLE «EL APARECIDO / SOLO»,  AVEC LE COMPOSITEUR SERGIO ORTEGA ET SON ORCHESTRE. MARS 1967 CHEZ ODÉON.
DURÉE : 00:03:53



HUSCH-A-BYE (PETER YARROW - PAUL STOCKEY)

 
«VICTOR JARA, HUSCH A BYE  »  DE PETER YARROW  ET PAUL STOCKEY DANS CANCIONES FOLKLORICAS DE AMERICA,  (VÍCTOR JARA + QUILAPAYUN), 1967 
DURÉE : 00:03:53

UN ASSASSIN DE VICTOR JARA SERA JUGÉ AUX ETATS-UNIS



Avant de le tuer, on lui écrasa les doigts à coups de crosse. «Joue de la guitare maintenant », lui ont lancé ses bourreaux.

PEDRO PABLO BARRIENTOS NUÑEZ
L'ASSASSIN PRESUMÉ DE VICTOR JARA
L’enquête judiciaire a révélé que Victor Jara fut torturé de «façon permanente» avant d’être abattu d’une rafale de mitraillette, le 14 septembre. L’autopsie a montré plus de 44 impacts de balle. Avant de le tuer, on lui écrasa les doigts à coups de crosse. « Joue de la guitare maintenant », lui ont lancé ses bourreaux.

À Santiago, une dizaine d’autres militaires ont été inculpés pour l’homicide du musicien, artiste engagé et membre du Parti communiste. Parmi eux, le capitaine Marcelo Moreno Brito, l'un des plus redoutables agents de la DINA, la police secrète de Pinochet.




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«EL APARECIDO» DE VICTOR JARA, 
DANS LE QUATRIÈME DISQUE 45 TOURS SINGLE 
«EL APARECIDO / SOLO»,  AVEC LE COMPOSITEUR 
SERGIO ORTEGA ET SON ORCHESTRE. MARS 1967 CHEZ ODÉON.


DURÉE : 00:03:53





Cadavre dans un terrain vague

L’ex-capitaine Barrientos Nuñez avait fait l’objet d’une demande d’extradition. Mais la justice américaine a décidé de le juger sur son territoire après avoir reçu une demande de la veuve du chanteur, Joan, et de sa fille, Amanda.

Son cadavre fut retrouvé dans un terrain vague, près d'une voie ferrée, par des habitants du quartier du cimetière métropolitain de Santiago. Victor Jara fut identifié par sa compagne, puis enterré, lors d'une cérémonie clandestine et rapide.

Il a fallu attendre le 5 décembre 2009 pour que le musicien ait enfin des obsèques officielles. Pendant sept heures, sous un soleil de plomb, le cortège funèbre, recouvert d’œillets rouges, avait traversé le centre de Santiago, accompagné par des milliers de personnes. Le stade de Santiago porte aujourd’hui le nom de Victor Jara.

jeudi 16 avril 2015

UN LIEUTENANT DE L'ARMÉE CHILIENNE À LA RETRAITE SERA JUGÉ AUX ÉTATS-UNIS POUR TORTURES ET EXÉCUTION DE VÍCTOR JARA

Cependant, le tribunal a exclu de juger Barrientos pour «crimes contre l'humanité ».

VICTOR JARA À PARIS EN 1961
L'une des organisations qui soutient la demande, le Center for Justice and Accountability (CJA), a salué la décision adoptée par le tribunal, mais a remarqué qu'il était « décevant » que les « crimes contre l'humanité » aient été exclus.

Pedro Pablo Barrientos Nuñez, qui a la citoyenneté américaine, avait sollicité en mars dernier un rejet de cette demande, la considérant dépourvue de «  juridiction ».

« [Cette demande] arrive 40 ans après les faits, 24 après son installation aux aux États-Unis et 23 après qu'Augusto Pinochet fut demis de son poste », remarque Barrientos dans les documents de la cour.

Victor Jara fut assassiné cinq jours après le coup d’État militaire du 11 septembre 1973, après avoir été torturé durant plusieurs  jours dans le Estadio Chile (aujourd’hui Stade Victor Jara), où il était retenu prisonnier avec des centaines de partisans du Gouvernement déchu de Salvador Allende (1970-1973).

jeudi 15 janvier 2015


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VICTOR JARA : « NON À LA DICTATURE »  
Le 11 septembre 1973, à Santiago du Chili, Augusto Pinochet prend le pouvoir et installe une dictature à la place du gouvernement démocratique du président Allende. Ce jour-là, Victor Jara, un jeune auteur-compositeur proche des socialistes, est arrêté et emprisonné avec des centaines d'autres personnes dans le stade de Santiago. 
Actes sud junior
Il y sera exécuté, non sans avoir eu les mains écrasées par un militaire. Mais son chant de protestation continuera à résonner longtemps dans le stade... La dictature a plusieurs visages : celui de Pinochet, qui finit par mourir à un âge avancé sans avoir répondu de ses crimes. Ou bien celui de la junte militaire birmane, qui séquestre le prix Nobel de la Paix Aung San Suu Kyi et élimine tous ses opposants. Ou tant d'autres encore à travers le monde.

BRUNO DOUCEY, né en 1961 dans le Jura, est poète, éditeur de poètes, mais aussi romancier et essayiste. Après avoir dirigé les éditions Seghers, il a créé en 2010 sa propre maison qui porte son nom. Il voue régulièrement sa plume au destin des poètes qu’on assassine. Il consacre d’abord un roman au chanteur chilien Victor Jara, tué par les sbires de Pinochet (Victor Jara : “Non à la dictature”), puis à Lorca, tombé sous les balles franquistes (Federico García Lorca : “Non au franquisme”) et à Lounès Matoub, chanteur originaire de Kabylie assassiné en 1998 (Lounès Matoub "Non aux fous de dieu") tous trois dans la collection “Ceux qui ont dit non” dirigée par Murielle Szac. Il redonne vie à la jeune résistante juive Marianne Cohn, assassinée par les nazis (Si tu parles, Marianne, Elytis), avant de se glisser dans la peau de Max Jacob (Le Carnet retrouvé de monsieur Max, Éd. B. Doucey). Son dernier recueil, Ceux qui se taisent (Éd. B. Doucey), donnait déjà la parole à une mère dont le fils était tombé dans l’intégrisme.

Janvier 2015 / 11.00 x 17.60 cm /
96 pages ISBN 978-2-330-04896-9
Prix indicatif : 8,00 €