Un cortège de plus de 3 000 personnes, arborant oeillets et drapeaux rouges, a accompagné le cercueil de Jara à travers le centre de Santiago vers le cimetière général de la capitale. L'artiste, enterré a la sauvette en 1973 une fois son corps récupéré secrètement par sa veuve, devait cette fois recevoir une digne inhumation, après une ultime cérémonie.
L'enterrement est le point culminant de trois jours d'hommage national au chanteur, qui ont mobilisé le monde des arts, de la culture, de la politique, mais aussi des milliers de Chiliens ordinaires, nostalgiques des ballades de Jara, un artiste engagé très populaire en Amérique latine au moment de sa mort, à 39 ans.
Cet hommage tardif fait suite à l'exhumation en juin de la dépouille pour des tests médico-légaux, dans l'espoir d'une avancée sur les circonstances de sa mort. Un ex-soldat âgé de 18 ans en 1973 a été inculpé en mai après des aveux partiels, mais il s'est rétracté et a été libéré sous caution.
La présidente socialiste Michelle Bachelet, s'associant vendredi aux hommages, a appelé à continuer de faire la lumière sur les victimes de la dictature de 1973-90, qui laissa plus de 3 100 morts ou disparus.
«Victor peut enfin reposer en paix après trente-six ans, mais beaucoup d'autres familles aimeraient» elles aussi pouvoir retrouver la paix et pour cette raison «il est important de poursuivre la quête de justice et de liberté», pour que le Chili puisse retrouver la paix, a-t-elle déclaré.
Arrêté dans les heures suivant le coup d'Etat du 11 septembre 1973 contre le président socialiste Salvador Allende, Victor Jara fut détenu dans le grand stade de Santiago avec quelque 5 000 personnes. Là, il fut frappé et torturé, ses doigts de guitariste brisés, avant d'être abattu à la mitraillette, avec d'autres détenus. Il était une des figures de proue d'un courant appelé «la nouvelle chanson populaire» en Amérique latine dans les années 1960-70.
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